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Association Cévenole Culturelle et Citoyenne
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Association Cévenole Culturelle et Citoyenne
16 avril 2018

Bacs et passerelles, aux Drouilhèdes

Pour passer la Cèze et le Luech qui séparent les rives de Peyremale, les habitants du village ont, en tous les temps, participé (de main d’homme ou en impôts) à la construction de ponts plus ou moins importants et solides. L’un des plus modestes est celui que l’on avait couché sur la rivière, entre les Drouilhèdes et le Grand Tournant. Si modeste, que l’on parle encore, de nos jours, pour le désigner, de « la passerelle » des Drouilhèdes.

Autrefois, avant que la décision d’édifier un pont ne soit actée par la communauté, par l’administration de la région, les habitants usaient, ci et là, de divers moyens pour effectuer la traversée d’une grève à l’autre. Ils se trouvaient, forcément, des passages aménagés, des passerelles, des barques, aussi. Surtout, lors des périodes de crues.
Ainsi, nous savons qu’au milieu du XIXe siècle, la famille Malbos faisait passer, pour cinq cents, les bordiers et les voyageurs qui empruntaient cette route reliant Génolhac à St-Ambroix : Auguste Malbos, du Rastel, « avait établi un petit bac sur la rivière de Cèze, au lieu dit le Gai du Rastel » ; Victor Malbos, des Drouilhèdes, possédait, non loin, à environ un kilomètre, « un petit bac, situé au lieu appelé le Galard ».

Si, les premières années, ne sachant s’il leur « était nécessaire d’avoir une autorisation préfectorale », les Malbos gérèrent leurs affaires sans habilitation, ils régularisèrent ensuite la situation. Une sage initiative, puisque le préfet adressa son accord pour qu’ils poursuivent leur trafic, enjoignant néanmoins une réglementation très explicite (poids des marchandises, nombre de personnes, tarifs, franchises, etc.), qui soumettait Auguste et Victor Malbos à une activité officielle de bateliers.

Lettre de Malbos au préfet

 

 

 

 

 

 

 

Lettre de Malbos au Préfet, pour demander l'autorisation de poursuivre son activité
© Pascal Jaussaud


C’est à la même époque que l’on commença à parler d'une passerelle dans les actes, pour évoquer le pont de fortune qui permettait aux habitants des Drouilhèdes de rejoindre Peyremale. Sans doute quelques bois ronds firent une première construction sommaire, avant que la pierre et le mortier ne vinssent remplacer l'édifice originel et instable. Mais le mot passerelle subsista, comme nous pouvons en juger parmi plusieurs documents d'archives.

En 1855, on estima à 114,71 francs le montant des frais à consacrer à la construction d'une passerelle aux Drouilhèdes.
En 1900, on détaillait le montant des réparations effectuées à la passerelle du Galard.

En 1902, une souscription fut créée pour le « projet de l'établissement d'une passerelle carrossable ». Les signataires s'engageaient financièrement, précisant la somme qu'ils comptaient verser. On donnait dix, trente ou cinquante francs, selon les familles. Ernest Durand, le curé du village, participa à hauteur de vingt francs ; les Benoît, le père et ses deux fils, donnèrent 150 francs ! Pour le change, certaines familles offrirent des journées de travail : dix-sept hommes s’engagèrent ainsi pour des séries de quatre à six journées de travail. Deux femmes, également : Françoise Romestant et Baptista Brun, inscrites, elles, pour huit journées entières. Leurs tâches furent, probablement, différentes de celles des hommes...

Le mot passerelle a subsisté, jusqu’à nos jours. Aujourd’hui encore, on parle de « la passerelle des Drouilhèdes ». Et, bien que ce passage soit nouvellement reconstruit, il est fort à parier que le pont neuf qui enjambera, bientôt, la Cèze à hauteur du Grand Tournant, sera obstinément appelé « passerelle » par les Peyremalencs.

Pascal Jaussaud, « Peyremale, Peyremalencs, Peyremalès »,
in Bulletin municipal Peyremale n°15, juillet 2014.

 

 

 

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