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Association Cévenole Culturelle et Citoyenne
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Association Cévenole Culturelle et Citoyenne
19 février 2019

Auguste Polge, cultivateur au mas de Trébiol

Auguste Polge (1832-1895),
cultivateur au mas de Trébiol, commune de Peyremale.

Vue Mas Arnal


En 1895, Auguste Polge, soixante trois ans, cultivateur au mas de Trébiol, commune de Peyremale, arrive à la fin de sa vie. Né le 14 janvier 1832 au mas de Trébiol, il est le fils aîné de Jean Pierre Polge1 et de Marie Rose Pontet2 . En premières noces, il avait épousé Mélina Gaillard3, originaire d’Aujac, qui est morte des suites de couches, en novembre 1864. Leur fille n’a vécu qu’un jour. Quelques années plus tard, il a épousé Philomène Benoit qui lui a donné six enfants dont trois ont survécu. Joseph a dix-neuf ans, Marie Léontine, dix ans, et Louis, huit ans.
Avec Philomène et leurs enfants, Auguste Polge vit du produit d’un petit domaine composé de plusieurs parcelles de châtaigneraies, de mûriers et de vignes. Il tient cette propriété de son père qui l’avait reçue en héritage de sa mère, Jeanne Gignac
4 .

Avant le partage entre les enfants de Jeanne Gignac, le domaine était une propriété de près de dix hectares située à Peyremale, dans les hameaux de Mas Arnal et de Trébiol. Les trois enfants de Jeanne Gignac et de Jacques Polge5, en ont fait le partage le 14 août 1828 devant maître Chaber, notaire à Ponteils6. Le frère aîné, Antoine7, et la sœur, Marie Justine8, épouse de Alexis Barjeton, ont reçu chacun la moitié des terrains et bâtisses situés au Mas Arnal, Jean Pierre a hérité des terrains et de la maison de Trébiol. Le partage devant le notaire entérine en fait la partition qui avait été effectuée des années auparavant. Ainsi, l’acte notarié précise que la maison neuve du mas Arnal et les autres bâtiments, cour et citerne échus à Antoine Polge ont été construits par lui.

La part échue à Jean Pierre Polge comprend « une maison contenant cuisine, écuries, clée et cour et la pièce de mazade joignant, appelée Trébiol, contenant mûriers, vignes, châtaigneraie et partie de jardin », une « partie d’une autre pièce de terrain contenant mûriers et vignes, appelée L’Hort-plus-bas », et sept terrains, ou parties de terrain, en châtaigneraie, appelés la Terre, la Sagnette, la Tailladette, Rouvergue, la Plantade, la Gouzarde et la Cabanne.
L’acte notarié de partage dispose en outre que «
l’eau servant à arroser les jardins échus à Antoine et Jean Pierre, frères, sera partagée par moitié, c’est-à-dire un jour chacun, et, pour faciliter l’arrosement, il sera fait, à frais communs, un réservoir dans la partie de Jean Pierre Polge. »

C’est cette troisième part du domaine des Gignac qu’Auguste a reçu de son père, quarante ans plus tard. La propriété ne pouvait plus être davantage morcelée, elle lui a été transmise dans sa totalité en sa qualité d’aîné. Ses frères, Laurent9 et Adrien10, sont entrés à la mine et se sont installés au mas des Rompudes (commune de Portes), chez les Virgile, famille de l’épouse de Laurent.
En 1895, le cadastre indique que la propriété d’Auguste Polge au Trébiol se compose de seize parcelles : huit de châtaigneraies, cinq de muriers, une de vignes et deux pour les bâtiments. La surface totale est de trois hectares et demi, dont trois hectares de châtaigneraie. Le revenu de la propriété est évalué à vingt trois francs et soixante centimes. Mais ce n’est là qu’une estimation du service du cadastre, sans grande signification. Bien sûr, ce ne sont ni les châtaigniers, ni les mûriers, ni les vignes qui produisent des revenus, mais le travail acharné des hommes et des femmes qui entretiennent les arbres, font les récoltes et les vendanges, élèvent les vers à soie, élaborent le vin, etc. Il y a longtemps que la ferme du Trébiol ne permet plus de faire vivre une famille. Joseph, le fils aîné, s’est embauché à la mine de Molières-sur-Cèze et Auguste sait que Louis, son fils cadet, en fera de même dès qu’il aura atteint l’âge requis. Il devine aussi que Marie Léontine, sa fille, épousera un mineur.

En cette fin du XIX° siècle, l’économie agricole cévenole n’est plus qu’une survivance d’un passé révolu. Voilà près de cinquante ans que l’industrie minière l’a supplantée, prenant peu à peu possession du pays tout entier, terrains et gens.
Cette hégémonie de l’industrie minière durera à peine plus d’un siècle. Avant la fin du siècle, elle aura cessé son activité, laissant le pays dans le plus total état d’abandon.

Bernard Collonges
Article publié dans Généalogie en Cévennes N°123,
Bulletin de l'ACGC. Février 2019

Sources :

  • Registres paroissiaux de Peyremale et de Portes (numérisation ACGC)
  • Registres de l’état civil des communes de Peyremale, de Portes et de Sénéchas (numérisation ACGC)
  • Archives personnelles conservées par la famille Dalverny, de mas Arnal :
    Acte notarié de partage de la propriété de Jeanne Gignac (août 1828)

    Extrait n°223 de la matrice cadastrale de la commune de Peyremale (mars 1895)

1 Jean Pierre POLGE (1798-1868), fils de Jacques Polge (1774-1833) et de Jeanne Gignac (1771- 1803), né le 1er août 1798 au Mas Arnal (alors commune de Portes), décédé le 10 novembre 1868 à l’âge de 70 ans. Le 10 février 1831, à Sénéchas, il a épousé Marie Rose Pontet, du lieu de Cornas.
2 Marie Rose PONTET (1809-1850) fille de Jean Baptiste Pontet et de Marie Magdeleine Pontet, née le 16 décembre 1809 à Cornas (alors commune de Sénéchas), décédée le 3 août 1850 des suites de son 6ème accouchement.
3 Mélina GAILLARD (1835-1864), fille de Joseph Gaillard et de Marie Rose Auziol, née en1835 à Aujaret (commune d’Aujac), décédée le 29 novembre 1864, au mas de Trébiol, le lendemain de son accouchement.
4 Jeanne GIGNAC (1771-1803), fille de Antoine Gignac et de Louise Castanier, née le 26 janvier 1771 au Mas Arnal, paroisse de Peyremale, décédée en 1803. Le 5 février 1792, elle a épousé Jacques Polge, originaire de Tarabias.
5 Jacques POLGE (1774~1833), fils de Antoine Polge et de Marie Polge, de Tarabias
6 Le partage entre les trois enfants de Jeanne Gignac est intervenu vingt-cinq ans après le décès de la mère et alors que le père est toujours en vie. L’élément déclenchant l’enregistrement de la division de la propriété devant le notaire semble avoir été le mariage de la fille, quatre mois auparavant, avec Alexis Barjeton.
7 Antoine POLGE (1793-1844), fils de Jacques Polge et Jeanne Gignac, né le 19 octobre 1793 au mas Arnal. Le 25 février 1813, il a épousé Marie Rose Connort, originaire du hameau de Tarabias (alors commune de Sénéchas).
8 Marie Justine POLGE (1801-1872), fille de Jacques Polge et Jeanne Gignac, née le 7 août 1801 (19 Thermidor An 9) au mas Arnal. Le 11 avril 1828, elle a épousé Alexis Barjeton, du lieu de Cessous, commune de Portes.
9 Joseph Laurent POLGE, fils de Jean Pierre Polge et de Marie Rose Pontet, né le 22 juillet 1837 au mas de Trébiol, frère de Auguste. En 1869, il a épousé Éléontine Junie Virgile, fille de Virgile (sans nom patronymique) et de Marie Dumas, du Mas des Rompudes, commune de Portes.
10 Jean Baptiste Adrien POLGE, fils de Jean Pierre Polge et de Marie Rose Pontet, né le 3 septembre 1842 au mas de Trébiol, frère de Auguste..

 

 

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